Évaluer pour que ça compte vraiment

« On s’est demandé pourquoi on évaluait et pour qui on évaluait. Pour les parents, pour le ministère, pour la direction, pour les élèves, pour les enseignants ? On s’est rendu compte que l’évaluation devait être au service de l’apprentissage. »

Nathalie Arès, conseillère pédagogique et professeure de français au collège Mont-Notre-Dame de Sherbrooke

Nataraja, Shiva as the Lord of Dance (vers 1000)

The Cleveland Museum of Art

Depuis quelques années, Jessika Valence, directrice des services pédagogique du pensionnat du Saint-Nom-de-Marie à Outremont, a décidé avec son équipe, à l'image de nombreuses autres écoles québécoises, d'éliminer les notes chiffrées pour donner la priorité à l'apprentissage des élèves.

Cette évolution est le résultats de plusieurs observations :

  • Dans la prestigieuse école privée Philips Exeter Academy, au New Hampshire, les élèves ne passent aucun examen traditionnel avant d'être confrontés à celui qui leur permet d'entrer à l'université. Résultat : ils réussissent aussi bien, voire mieux, que d'autres élèves confrontés au stress des tests tout au long de leur scolarité.

  • Dans un rapport intitulé Evaluer pour que ça compte vraiment publié en 2018, un groupe d'experts du Conseil supérieur de l'éducation du Canada s'est prononcé pour une vaste réforme de l'évaluation afin d'éliminer les bulletins chiffrés au primaire ainsi que les moyennes qui alimentent une logique de concurrence entre les élèves.

Dans les écoles qui ont choisi d'entrer cette logique, les tests sont par exemple remplacés par des rencontres fréquentes entre les élèves et les enseignants afin d'identifier les forces et faiblesses de chaque apprenant, mais aussi compléter un journal de bord et un portfolio permettant d'accompagner les apprentissages de chacun.

Ces évolutions n'ont entraîné aucune hausse, ni aucune baisse spectaculaire des résultats aux examens. En revanche, cela s'est traduit par une diminution conséquente du stress pour les élèves, mais aussi pour les enseignants dont la charge de travail liée aux corrections a fortement augmenté ces dernières années, sans amélioration concrète sur les acquis des élèves.

Par ailleurs, les élèves développent un nouveau rapport à l'erreur, s'autorisant désormais plus facilement à se tromper pour mieux comprendre et apprendre.

Plus d'information dans cet article de Marco Fortier publié sur ledevoir.com, mais aussi sur le site du CNESCO dont la conférence de consensus 2022 est consacrée à la thématique de l'évaluation.