Les usages pédagogiques en français

L'un des exercices classiques en français consiste à demander aux élèves d'écrire un texte "à la manière de...". 

C'est le cas à l'école primaire, au collège et au lycée comme le montrent plusieurs exemples de séquences pédagogiques proposées sur divers sites académiques : 

Cet exercice est particulièrement intéressant car il permet aux élèves de reconnaître différents styles d'écriture, mais aussi de développer progressivement leur propre style.

Désormais, ChatGPT permet de répondre assez facilement à ce genre de consigne, ce qui signifie qu'un tel exercice perd énormément de son intérêt lorsqu'il est donné en activité à réaliser en dehors de la classe. Il conserve néanmoins tout son intérêt lorsqu'il est réalisé en classe avec pour consigne de ne pas utiliser ChatGPT.

Par ailleurs, ChatGPT peut également être utilisé par l'enseignant comme un outil intéressant pour créer des activités complémentaires permettant de travailler ces compétences. Il est en effet possible de demander à ChatGPT d'écrire une série de textes "à la manière de..." et les proposer aux élèves aux côtés d'autres extraits issus de l'oeuvre étudiée afin de proposer aux élèves de reconnaître ceux écrits par l'auteur et ceux écrits par un grand modèle de langage de type ChatGPT. Chaque élève est alors invité à justifier son choix en étudiant des extraits précis qui répondent (ou pas) au style étudié précédemment.

Comme pour d'autres activités proposées sur ce site, l'objectif consiste à apprendre à nos élèves à utiliser ChatGPT de manière raisonnée et critique, en leur faisant comprendre que cet outil peut être utile à condition d'en comprendre les modes de fonctionnement et les limites.

Protocole

Compétences mobilisées

Exemple de requête / prompt

(N'oubliez pas de fournir les textes sur lesquels vous avez travaillé avec vos élèves avant de commencer la discussion) 

Je veux que vous agissiez en tant que professeur de français. 

Je veux que vous me proposiez un texte de 15 lignes décrivant un personnage d'enfant des rues à Paris au XIXe siècle à la manière de Victor Hugo dans Les Misérables. Pour cela, vous vous inspirerez des extraits ci-dessus.

Ci-joint le texte qui m'a été proposé par ChatGPT : 

"Dans l'ombre étroite des ruelles parisiennes du XIXe siècle, vivait un enfant des rues nommé Étienne. Son visage anguleux, marqué par l'épreuve du temps, semblait refléter toute la misère qu'il avait endurée. Maigre et blême, il paraissait bien plus jeune que son âge véritable. Ses yeux, enfoncés dans leurs orbites, semblaient avoir perdu tout éclat à force de larmes versées. Les coins de sa bouche arboraient une courbe d'angoisse habituelle, telle celle des condamnés et des malades désespérés. 

Vêtu d'un haillon qui aurait suscité la pitié en été et l'horreur en hiver, Étienne était un symbole vivant de la déchéance. Les lambeaux de toile trouée recouvraient à peine sa peau, marquée çà et là de taches bleues et noires, rappelant les sévices infligés par les rudes mains de ceux qui le croisaient. Ses jambes nues, rouges et chétives, semblaient prêtes à fléchir sous son poids.

La crainte était son compas quotidien, une présence oppressante qui imprégnait chaque parcelle de son être. Elle se manifestait dans chacun de ses gestes, dans le tremblement permanent de son corps. Étienne se repliait sur lui-même, cherchant à prendre le moins de place possible, comme s'il voulait se faire oublier. Ses épaules s'avançaient, ses talons se rétractaient sous ses guenilles, et son souffle se réduisait à l'essentiel. Au fond de ses yeux, se nichait un coin étonné, empli de terreur.

Pourtant, un jour, Étienne se trouva par hasard face à un miroir brisé. Son regard s'y refléta, et pour un instant, il fut saisi par la vision qu'il offrait. Une lueur d'espoir illumina son regard éteint. Aurait-il pu être autre que laid ? Cette pensée troubla profondément Étienne, car jamais il n'avait envisagé la possibilité d'être autre que ce qu'il était. Les remarques cruelles des autres enfants des rues semblaient s'être gravées en lui, mais il y avait toujours eu une voix douce, celle de Jean Valjean, qui lui murmurait : "Mais non, mais non."

Depuis ce jour, Étienne oscillait entre les doutes et les instants fugaces de confiance en sa propre beauté. Il observait les enfants qui, comme des étoiles dans la nuit, brillaient de leur apparence au milieu des ténèbres. Il rêvait de ressembler à ces figures splendides. Parfois, il se surprenait à croire en sa propre beauté, mais la réalité le rattrapait toujours. Les mauvaises nuits de sommeil laissaient leurs traces sous ses yeux cernés, et sa pâleur persistait, lui rappelant sans cesse qu'il était loin de la perfection.

Un soir, alors qu'il travaillait à un ouvrage de couture dans une petite pièce, il leva les yeux de son travail et remarqua l'expression inquiète de Jean Valjean qui le contemplait. Une autre fois, dans la rue, une voix qu'il ne vit pas lui chuchota : "Jolie femme, mais mal habillée." Étienne secoua la tête et rejeta cette idée. Il se considérait toujours comme mal vêtu et laid, tout en maintenant l'espoir fragile de changer son destin.

Puis, un jour, alors qu'il se trouvait dans le jardin, il entendit les mots de la vieille Josèphe : "Remarquez-vous comme Étienne devient joli, monsieur ?" Les paroles furent pour lui une révélation. Il s'échappa du jardin, monta précipitamment dans sa chambre et se précipita vers le miroir. Après trois mois de refus de se regarder, il fut ébloui par la personne qu'il découvrit. Enfin, Étienne accepta son reflet, accepta sa beauté, et cette révélation l'emplit d'une joie indicible.

Ainsi, Étienne, cet enfant des rues de Paris au XIXe siècle, avait parcouru un long chemin, passant de l'acceptation de sa laideur à la découverte de sa propre beauté. Telle une fleur fragile émergeant du béton, il avait enfin trouvé la force d'admirer sa propre image et d'embrasser l'espoir qui résidait en lui."